À Orléans, l’auto, c’est aussi une affaire de femmes.

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Longtemps cantonnée aux hommes, l’automobile voit de plus en plus de femmes y occuper différentes fonctions. Si de nombreuses pilotes se sont illustrées dans certains sports mécaniques, d’autres évoluent au quotidien dans cet univers et obtiennent la reconnaissance de leurs compétences. Orléans Auto-Moto a choisi de mettre en lumière ces femmes qui exercent un métier passion. Rencontres.

 

Jennifer Goueffon

« Il y a de plus en plus de femmes dans l’automobile »
Commerciale, magasinière ou encore réceptionnaire, Jennifer Goueffon occupe différentes fonctions au sein de la société 45 Autosport, à Jouy-le-Potier.

Après plusieurs années d’expérience dans le domaine commercial, Jennifer Goueffon intègre, en 2013, 45 Autosport, spécialiste Porsche et véhicule d’exception, à un poste administratif. « J’ai toujours aimé les voitures et les belles mécaniques mais je n’avais aucun savoir dans l’automobile. Le fait d’être passionnée par ce milieu et de s’intéresser au fonctionnement d’une voiture m’a permis d’intégrer rapidement des connaissances. Pour apprendre, je sortais les fiches techniques et j’allais dans l’atelier avec les mécaniciens », précise-t-elle.
Si Jennifer dispose aujourd’hui de plusieurs casquettes dans la société, elle doit faire preuve d’organisation afin de mener à bien ses missions. Responsable de l’accueil des clients, elle occupe également un poste de commerciale en les conseillant et les informant sur l’entretien et le suivi des réparations. Elle est en relation permanente avec l’atelier, gère les commandes de pièces et réalise l’ensemble des devis, un poste technique habituellement masculin auquel Jennifer s’est parfaitement adaptée.

L’art et la manière
« Nous avons une façon différente des hommes d’amener les choses, notamment lorsqu’elles sont négatives. Les clients sont également plus attentifs quand ils échangent avec une femme », affirme Jennifer. Professionnelle de l’automobile mais également passionnée, elle participe, depuis de nombreuses années, à des rallyes, avec sa collègue, Céline Brossard. Après une première expérience lors d’une course de navigation, en 2013, les deux femmes se sont prises au jeu et se sont engagées sur le rallye des princesses, en 2019.

 

Justine Dupont

« Les mentalités changent »
Récemment promue Responsable de groupe au sein de MINI Dupont S.A, à Orléans, Justine Dupont détaille son quotidien ainsi que sa place en tant que femme dans un milieu réputé masculin.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours et votre choix d’évoluer dans le milieu de l’automobile ?
L’auto, c’est dans mes gènes. Petite, je faisais déjà les portes ouvertes et servais au buffet ! J’ai suivi une formation de vendeuse automobile à l’école BMW qui m’a notamment permis d’appréhender toutes les étapes du métier de la vente auto, comme le conseil client, le financement ou encore les estimations de reprise. Après quelques expériences enrichissantes, j’ai intégré MINI Orléans, en 2011 et, depuis juillet 2019, je suis officiellement cheffe de groupe. C’est un gros challenge qui s’ouvre à moi.

Quelles sont vos missions et les qualités humaines nécessaires à l’exercice de votre métier ?
Mon rôle est assez polyvalent. J’accompagne mon équipe de vendeurs et vendeuses et supervise les affaires au quotidien tout en ayant un rôle de conseillère auprès des clients. Je suis également en lien avec la concession MINI de Montargis et peut être amenée à me déplacer là-bas. Ce métier nécessite un réel sens de l’écoute et de l’organisation tout en sachant parfois prendre sur soi. Il faut apprendre à trouver des solutions et savoir être ferme sans forcément entrer dans le conflit.

Que pensez-vous de la place des femmes dans le domaine de l’automobile ?
On apprend avec le temps. On peut parfois être confrontée à des remarques ou situations désobligeantes, comme lors de ma dernière formation manager, où j’ai pris conscience que les mentalités étaient encore assez « fermées » à ce sujet. Mais si une femme souhaite s’orienter dans l’automobile, il faut se lancer le plus tôt possible dans cet univers passionnant.

 

Patricia Vettier, gérante de contrôle technique automobile

Un métier en constante évolution

Patricia Vettier est gérante du contrôle technique Auto Sécurité à la Chapelle Saint-Mesmin. Elle évoque sa passion pour ce métier et l’évolution de la place des femmes dans l’univers de l’automobile.

Après un parcours en tant que technico-commerciale, Patricia Vettier décide de devenir indépendante. Si, en 2011, elle s’oriente dans l’automobile, c’est avant tout par passion. « J’ai toujours été passionnée par l’automobile. Techniquement et technologiquement, c’est un univers qui bouge en permanence et c’est très intéressant », déclare  cette gérante. Elle se forme et choisit de reprendre un contrôle technique, pour le contact humain lié au métier mais aussi pour contribuer à la sécurité des usagers de la route. « Je pense qu’il y a un sentiment de bienveillance envers autrui. C’est très gratifiant d’avoir des retours positifs de la part des clients », exprime Patricia. Au rythme d’environ 13 contrôles par jour, cette gérante est sur tous les fronts : accueil des clients, identification du véhicule, contrôle intérieur et extérieur, vérification visuelle poussée sur le pont avant de finir par l’explication des défauts et l’encaissement du client.

Des mentalités qui évoluent
Si ce métier demande de fortes capacités d’organisation, surtout lorsqu’on est seul, il nécessite une importante ouverture d’esprit pour s’adapter et apprendre en permanence. Pour Patricia, être une femme dans ce milieu peut être un atout dès lors qu’il y a la passion. « Les gens la ressentent rapidement. Cela peut encore les surprendre d’avoir à faire à une femme et l’on doit toujours démontrer ses compétences. Mais je pense que les mentalités évoluent positivement et, globalement, je suis très satisfaite de ma clientèle, qui me porte autant d’attention que moi vis-à-vis d’eux », conclut-elle.

 

Jennifer Millot

« L’auto est devenue une passion »
Gérant son propre garage depuis janvier 2011, Jennifer Millot nous évoque son quotidien et donne son ressenti sur la place des femmes dans l’automobile.

En 2001, Jennifer et Christophe, son mari, rachètent le garage du Loiret, à Olivet. Dix ans plus tard, ils ouvrent un deuxième atelier, O2 Programmation, au Nord d’Orléans. Jennifer décide de prendre les rênes de la structure à Olivet avec le challenge de gérer seule sa propre entreprise. « Christophe m’a formé à 100% au monde de l’automobile. Sa passion, ses compétences techniques et son professionnalisme m’ont permis d’acquérir de riches connaissances. Il a pleine confiance en moi et nous sommes complémentaires avec le garage d’Ingré, notamment pour la partie carrosserie et reprogrammation », déclare Jennifer Millot. Figurant parmi les rares femmes évoluant dans ce milieu réputé masculin, Jennifer tient un rôle central et polyvalent au sein de ce garage de proximité. En effet, elle gère la partie administrative, intervient lors des dépannages et renseigne les clients sur les pannes et travaux effectués.

« Être une femme est un plus »
Si, il y a quelques années, cela pouvait surprendre, évoluer en tant que femme dans le milieu de l’automobile est entré dans les moeurs aujourd’hui. « Lorsque l’on sait de quoi on parle, on se crédibilise vis-à-vis des clients. Je pense qu’être une femme favorise la relation et les affaires professionnelles avec les concessionnaires et fournisseurs. On en voit de plus en plus dans ce milieu et elles s’en sortent très bien ! En revanche, cela reste compliqué pour une femme dans les métiers techniques comme la mécanique. Les mentalités changent et on peut rester féminine tout en s’intéressant à l’aspect technique de l’automobile », déclare-t-elle.

 

« En voiture Simone »

Quand l’expression renvoie à une légende

Simone Louise de Pinet de Borde des Forest est un nom qui ne parle sans doute pas à grand monde. Sauf à travers la célèbre expression « En voiture Simone », popularisée par Guy Lux dans Intervilles. Et pourtant, cette femme, née en 1910 à Royan, est une légende en matière de courses automobiles. Dans la société civile matriarcale du début du XXe siècle, elle se distingue dès l’âge de 19 ans en devenant l’une des premières femmes à décrocher son permis de conduire. Un an après, elle s’engage sur sa première épreuve automobile, la course de la côte de la Baraque, près de Clermont-Ferrand. Dès lors, elle devient pilote professionnelle et participera à de nombreuses épreuves sur circuits et en rallyes.

Aucun accident
En 1934, elle attire une nouvelle fois l’attention en parcourant 3772 kilomètres en voiture en compagnie de son amie Fernande Hustinx. Les deux femmes, parties de Bucarest en Roumanie en plein hiver, sous la neige et dans la glace, rallient la Principauté de Monaco. Les péripéties de cette aventure seront racontées par Simone des Forest dans un carnet de voyage intitulé « 3772 kilomètres par deux Jeunes Filles ». Cette même année, l’équipage participe à la Coupe des dames, sur une Peugeot 301. Arrivées 17ème au classement général, elles sont les premières des dames.
À l’aube des années soixante, en 1957 précisément, la coureuse met fin à sa carrière professionnelle sans n’avoir jamais eu un accident. Fangio, lui-même, était admiratif de son « coup de volant ». Au cours des années cinquante, elle ouvrira également une auto-école où elle enseignera pendant 25 ans. Après une vie bien remplie, pendant laquelle elle a également touché à l’aviation civile, elle décédera en 2004, à Vichy, à l’âge de 94 ans.
Source : « Femmes pilote de courses auto 1888-1970 » de Jean-François Bouzanquet.

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