À Blois Les véhicules militaires de la Seconde Guerre mondiale

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Si les collectionneurs d’anciennes abondent dans le Loir-et-Cher, certains sauvegardent précieusement de véritables symboles roulants de la Seconde Guerre mondiale. L’association Touraine Mémoire 44, quant à elle, rend hommage aux militaires alliés ayant œuvré à la libération de notre pays. Certains de leurs véhicules, ô combien atypiques et spécifiquement adaptés pour évoluer en zone de conflit, ont débarqué en terres blésoises.

Voici leur histoire.

 

 

Le Débarquement de la Jeep Willys à Blois

Philippe fait partie des rares propriétaires français d’authentiques Jeep Willys encore roulantes. Ce Blésois, passionné par son modèle aux couleurs de l’US Navy de 1943, nous fait remonter le temps.

 

À l’amorce de son entrée dans la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement des États- Unis décide de se doter d’un véhicule de reconnaissance et de commandement adapté à la mobilité de ses soldats en zones de conflits. Son cahier des charges est plutôt simpliste : léger, 4 places, aptitude tout-terrain et capacité d’emport de 230 kg. Pour la petite histoire, la largeur de l’engin devait être égale à celle d’une voie de chemin de fer afin qu’il puisse rouler sur des rails une fois ses pneus démontés. L’appel d’offres est lancé. Plusieurs constructeurs se mettent au travail et c’est finalement Willys- Overland et Ford qui décrochent le contrat. Au total, pas moins de 650 000 modèles seront assemblés pendant la guerre.

« La Willys, c’est du plaisir complet ! »

Acheminées en France par avion ou bateau, ces petites voitures militaires ont brillamment œuvré à la mission périlleuse du Débarquement en juin 1944 et apparaissent comme l’un des symboles de la libération de notre pays. « Elle fait partie de l’histoire de la France », s’exclame son propriétaire. « Des versions ont été produites sous licence française après la guerre mais je voulais absolument celle-ci car, d’après son numéro de série, elle aurait participé au Débarquement. Quant à la conduite, on ne dépasse pas les 90 km/h, elle consomme 25 l/100 km et dispose d’un couple phénoménal. Ça grimpe aux arbres ! », détaille Philippe, qui fait revivre cette légende roulante en participant à des sorties dans la région, comme le rallye des Lions de Sologne et celui de Saint-Aignan.

Touraine Mémoire 44 – Un devoir de mémoire

À travers des reconstitutions de camps et de lignes de front, Touraine Mémoire 44 vous plonge au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Les engins de guerre dont ses membres disposent ont contribué à libérer notre pays.

Créée en 2000 par des passionnés de la Seconde Guerre mondiale, Touraine Mémoire 44 reconstitue des camps complets de l’armée américaine. L’association locale intervient dans le cadre de manifestations commémoratives ou d’événements, comme le Festival Américain de Luynes ou les Revues Historiques d’Amboise. « Nos actions s’apparentent avant tout à un devoir de mémoire », détaille le vice-président. « Nous disposons d’équipements, de matériel et de véhicules militaires ayant servi pendant ou après la Seconde Guerre mondiale. On reproduit des scènes de cet événement qui a permis la libération de notre pays ». Et pour que les batailles soient réalistes, les bénévoles utilisent des armes à blanc et de gros camions dédiés au transport de troupes et de matériel.

Des virées atypiques

En marge des événements, l’équipe associative propose au public d’embarquer à bord de leurs Dodge WC 63 et de leurs GMC CCKW 353. Des balades qui permettent d’échanger quelques anecdotes sur ces engins de guerre et conter ces faits historiques d’une manière plutôt atypique. S’il est quasiment impossible de retracer l’histoire de ces camions militaires, les membres de l’association sont unanimes : leurs camions sont arrivés en France lors du Débarquement. Certains sont restés sur le territoire, d’autres ont progressé plus loin, à l’Est. « Nous sommes allés les chercher en France et en Europe », explique-t-il. « Il faut savoir que les Américains ont fabriqué une quantité astronomique de pièces détachées. Tellement, qu’il y avait en stock environ 8 fois le nombre de pièces pour une Jeep Willys produite ».

Les véhicules alliés de la libération

Outre les Jeep Willys, véritables icônes du Débarquement de Normandie, les camions ont largement contribué au déploiement des troupes américaines sur l’ensemble du territoire à partir du 6 juin 1944.

Claude Peyon, vice-président d’honneur de l’association Touraine Mémoire 44, était instructeur de conduite en GMC au régiment d’artillerie aérienne en Allemagne pendant son service militaire. Quelques années plus tard, après avoir repris son métier de menuisier, il s’achète un Dodge WC63, en souvenir de cette période marquante de sa vie. « Il est équipé d’un treuil et d’une mitrailleuse Browning calibre 50 identique à celui que j’avais en Allemagne. Rien que d’entendre le rugissement de son moteur me fait rajeunir de 55 ans », souligne le Blésois, avant de revenir sur un moyen mnémotechnique pour l’entretien de son camion. « Il faut respecter un ordre d’allumage précis pour être certain que le moteur tourne rond. Tous les 15 jours, je demande une permission de 36h et on me donne une 24h. Ce qui donne l’ordre d’allumage du 6 cylindres à 1.5.3.6.2.4 ».

“Façonné pour la guerre”

Le Dodge WC63 a servi comme camion de transport d’armes et sous d’autres variantes en tant que véhicule de transmission, de reconnaissance ou encore de commandement. Pourvu d’un treuil, il était utilisé en renfort et empruntait les grands axes compte tenu de son rayon de braquage important, de l’absence de direction assistée et de sa longueur de 5,72 m.

Hotchkiss M201 – La Jeep française

Au sortir de la guerre, l’armée française reprend une bonne partie des Jeep laissées sur le territoire par l’US Army. Plus tard, le constructeur tricolore Hotchkiss produira des milliers d’exemplaires identiques au modèle américain de 1941.

Au vu du succès et des aptitudes de la Jeep MB américaine, le général de Gaulle envisage sérieusement un modèle purement français pour son armée dès 1947. Les propositions faites par la marque tricolore Delahaye étant des échecs techniques, le gouvernement se tourne vers Hotchkiss, alors distributeurofficiel français des jeeps Willys depuis 1946. La marque, basée à Stains, en Île-de-France, obtient la licence de fabrication des MB en 1952 et se lance dans la production d’un modèle dérivé de la version américaine : la M201. À partir de l’été 1955, 27 614 exemplaires sortiront de l’usine parisienne pour véhiculer nos militaires.

« Une auto assez spéciale »

En 2002, Henry Lemaignen rachète à un ami cette Jeep Hotchkiss M201 de 1962. « Elle est restée en l’état jusqu’en 2017, date à laquelle j’ai entamé une profonde restauration avec l’aide de Philippe et Ralph, deux passionnés », déclare-t-il. « L’idée était de remettre autant de pièces américaines que possible. Aujourd’hui, elle est quasiment à l’état neuf et je m’en sert notamment lors de rallyes locaux. Il faut vraiment anticiper avec cette voiture car la direction n’est pas du tout précise et le freinage est peu efficace. Mais bon, c’est un véhicule auquel je suis très attaché ».

Mais pourquoi Jeep ?

Plusieurs théories existent encore quant à l’origine de la dénomination de cette légende du Débarquement. Si la plus logique est celle de la contraction des lettres G et P pour « General Purpose », soit « voiture à tout faire », la plus atypique provient du dessin animé Popeye dans lequel Eugène the jeep, un personnage imaginaire, possède des dons extraordinaires et est capable de se sortir de situations difficiles…

 

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