À Vertou, les membres de l’association Collectionneurs de Véhicules Militaires Anciens (CVMA) entreposent et restaurent des véhicules de la Seconde Guerre mondiale. Chars, automitrailleuses, Jeep, camions GMC et bien d’autres véhicules sont patiemment remis en état et participent ensuite à diverses cérémonies et reconstitutions. Nantes Auto-Moto est allé à la rencontre de ces passeurs de mémoire passionnés d’histoire et de mécanique.
CVMA
Mécanique et devoir de mémoire
Le CVMA, fondé en 1986, a été l’une des premières associations françaises à regrouper des passionnés de véhicules militaires anciens. Il est aujourd’hui présidé par Philippe Maisnier.
Chaque vendredi, les ateliers du CVMA à Vertou s’animent. Les 25 membres s’y retrouvent pour travailler sur leurs propres véhicules ou participer aux restaurations des modèles appartenant au club.
« Le but premier de notre association est la restauration et la participation au devoir de mémoire. Chaque année, nous nous rendons en Normandie pour les commémorations du Débarquement et nous participons à de nombreuses cérémonies ou événements qui permettent de transmettre aux plus jeunes générations le souvenir de ce qu’a été la Seconde Guerre mondiale. Toujours en veillant à la fidélité historique, que ce soit dans nos tenues ou pour nos véhicules. C’est une question de respect envers ceux qui ont combattu », insiste Philippe Maisnier.
Pour financer la remise en état des véhicules anciens et les faire rouler (un char consomme 200 litres à l’heure !), l’association organise, tous les ans, un salon des antiquités militaires à Vierville-sur-Mer, commune du Calvados qui a été le théâtre du Débarquement en 1944. L’association loue également ces véhicules pour des expositions.
Char léger Stuart M3 A3
Un chantier XXL
Les membres du CVMA travaillent actuellement à la restauration de ce char fabriqué aux Etats-Unis et prêté par le musée des Blindés de Saumur.
Avec les chars, tout est plus lourd, plus grand, plus difficile ! Alors les bénévoles de l’association redoublent d’efforts pour remettre en état ce blindé de la Seconde Guerre mondiale. Démontage, sablage, réfection de moteur… le programme des travaux est chargé pour ce modèle arrivé il y a deux ans dans l’atelier vertavien.
« Il avait été stocké par l’armée française puis était resté 30 ans dehors. Il avait complètement pris l’humidité mais était complet à 80%, ce qui permettait de se lancer dans une restauration », confie Philippe Maisnier. Outre le poids des pièces, ce type de restauration pose de nombreuses difficultés.
« Il faut retrouver les pièces manquantes, qui sont pour la plupart rares, et il a fallu trouver un spécialiste pour restaurer le moteur en cylindres en étoile », explique-t-il. Le démontage a permis d’en apprendre un peu plus sur ce char fabriqué aux États-Unis. « Nous avons retrouvé une cuillère anglaise sous le panier de la tourelle qui était marquée 1944 », ajoute le président de l’association.
Un half-track M5 nommé Le Méthodique
Acheté à l’état d’épave il y a 25 ans du côté de Saint-Nazaire, ce half-track semi-blindé a été restauré durant deux années par Jean-Marie Bourdais.
Ce half-track est un modèle M5 International qui n’a été produit que de décembre 1942 à décembre 1943. C’est l’une des 70 versions de ce semi-chenillé américain. Blindé à l’avant et équipé d’une mitrailleuse Browning de 12,7 mm, il embarquait deux rangées de cinq soldats à l’arrière.
Fidèlement restauré, ce half-track équipé d’un moteur 6 cylindres en ligne arbore les marquages et l’équipement du Méthodique, un véhicule qui appartenait à la 2ème division blindée du général Leclerc.
Indian 741 Scout
Quatre années de restauration
Trouvée complètement démontée dans une cave du quai de la Fosse, cette moto américaine de 1941 a été restaurée à la fin des années 90.
Richard se souvient encore parfaitement de ce jour de 1995 où il a chargé les pièces de cette Indian dans le coffre de sa Peugeot 205. « Elle était entièrement démontée. Ça m’a pris quatre années (de 1996 à 1999) pour la restaurer complètement du fait de la difficulté à se procurer des pièces. C’était avant Internet ! J’ai trouvé les pièces grâce au bouche-à-oreille et aux petites annonces. Certaines venaient d’Allemagne, d’autres d’Angleterre », raconte-t-il.
Ce modèle 500 cm3 date de 1941. Il a été produit aux États- Unis et a été distribué aux Alliés, principalement à la Nouvelle- Zélande et à l’Angleterre mais il a été assez peu utilisé en France. Après-guerre, ces Indian ont été utilisées par des civils dans les professions prioritaires et l’armée. « C’était un modèle beaucoup moins courant que les Harley qui avait l’avantage d’être plus légers et plus maniables », ajoute Richard.
Jeep Willys
Ce petit 4×4 léger et passe-partout a été un véritable couteau suisse utilisé pour toutes les tâches et sur tous les fronts. Ce véhicule emblématique de la Seconde Guerre mondiale est bien souvent une porte d’entrée dans la collection de véhicules militaires anciens. La simplicité de la mécanique et la facilité d’accès aux pièces permettent en effet de mener les restaurations à leur terme sans trop de difficulté. Encore faut-il trouvez un modèle a un prix abordable. Car à l’approche des célébrations des 80 ans du Débarquement, les prix grimpent !
Dépanneuse Ward LaFrance
Ce type de dépanneuse a été produit par le constructeur américain de poids lourds Ward LaFrance à partir de 1940. De construction particulièrement robuste et avec ses six roues motrices, il offrait une exceptionnelle capacité de traction. Il était assigné à des missions de dépannage pour des véhicules lourds ou blindés.
Casson
Une centaine de véhicules au camp US
Lancé en 2015, le camp américain installé dans le magnifique cadre du Château du Plessis, à Casson, est devenu un rendez- vous incontournable pour tous les amateurs de véhicules militaires de la Seconde Guerre mondiale. Pas moins de 5 000 visiteurs se sont succédés du 6 au 8 mai à Casson pour découvrir la reconstitution d’un campement militaire américain. Tenues d’époques, armement, popotes et, bien sûr, véhicules ont permis au public de plonger dans les années 40. Pas moins d’une centaine de véhicules dont un rare M5 high speed tractor (un véhicule chenillé conçu pour tracter un obusier ou un canon), un GMC Dukw (un véhicule amphibie destiné à décharger les cargos en l’absence de port) ou encore un Brockway (poseur de pont) ou char Sherman M4 ont ravi les amateurs.
Musée des Blindés de Saumur
La plus grande collection de blindés au monde
Les blindés constituent, depuis 80 ans, le fer de lance des armées modernes. Le Musée des Blindés de Saumur retrace leur naissance, leur histoire, leur évolution technique à travers le monde de 1917 à nos jours. La collection de chars et de véhicules du musée regroupe aujourd’hui 800 engins dont près de 200 en complet état de marche. On y trouve ainsi les matériels blindés les plus significatifs des principaux pays industriels : France, Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Suède, pays de l’ex-Union-Soviétique, Portugal, Israël, Brésil, etc…
Tous ces matériels constituent la plus importante collection mondiale de blindés, tant par le nombre d’engins que par l’ensemble du panoramahistorique continu présenté depuis l’apparition du char sur le champ de bataille.
Loin d’être statiques, 20% des engins présentés au public peuvent se déplacer et c’est ainsi que, loués à des sociétés de production, on peut les admirer dans des réalisations à caractère historique. Une trentaine d’entre eux participe de façon dynamique tous les ans, en juillet, au célèbre Carrousel de Saumur.