Bouchon Nantes, quand l’indigestion s’installe
Ah, Nantes, sa douceur de vivre, ses espaces verts, ses petits et grands embouteillages entre amis… La belle est engoncée dans une ceinture qui étrangle son transit. Les départs en vacances, un match à la Beaujoire, le débordement de la Loire ne suffisent plus pour justifier ces encombrements qui saturent le réseau routier du poumon vert de la façade atlantique, qui se grise et s’asphyxie.
Bouchon Nantes – Surveillance de la DIRO
Le deuxième plus grand périphérique de France est donc en overdose. Mais comment imaginer le remède idéal quand, en parallèle, pour alléger les artères de son coeur, Nantes déclare la guerre aussi aux véhicules en centre ville ?
Bus, tramways, chronobus, navibus, tram-train, covoiturage, réseaux cyclables, tous se penchent au chevet de celle qui fait un excès de fièvre automobile, tandis que l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Nantaise (AURAN), annonce une perpétuelle croissance de la population de Nantes Métropole, population dont on apprend, par ailleurs, grâce aux chiffres de l’Insee, qu’elle est en moyenne plus équipée en véhicules que dans les autres grandes agglomérations. Les ménages de la métropole nantaise seraient ainsi plus nombreux à disposer d’au moins deux véhicules (30 % contre 23 % dans les autres grandes villes), et surtout à la périphérie de l’agglomération.
100 000 véhicules par jour sur certaines sections du périphérique
Le bouchon nantais inscrit au patrimoine de la ville ?
Bouchon Nantes – Embouteillage direction Rennes
INRIX®, fournisseur international d’informations trafic et d’aide à la conduite, publiait en 2012 son relevé statistique du réseau routier. L’étude portait sur l’analyse du trafic des principaux axes routiers des 13 principales zones métropolitaines françaises. Nantes y occupe la 8è place, faisant perdre aux conducteurs 35 h par an dans la circulation.
En 2013, Olivier Bonnet, Responsable de la rubrique Automobile de L’internaute.com, réalisait, lui, une étude des villes les plus embouteillées en France pour cette même année. On y apprend que Nantes serait en 9è position derrière le trio de tête : Marseille, Paris, Lyon, mais également derrière Bordeaux (5è) et Toulouse (6è)…
Alors, quoi, le Nantais râleur et grincheux ? Peut-être a–t-il droit de l’être lorsque sur un trajet d’1 heure, il perd 32 minutes dans les embouteillages… 32 minutes durant lesquelles il lui est fort conseillé d’oublier son téléphone portable, bien sûr !
Union sacrée pour une route pacifique
Chenille, accordéon, les habitants de l’agglomération nantaise sont visiblement lassés d’entrer dans la danse. Engagés par l’Etat et les collectivités, des études et des projets sont en cours de discussion, « dont la mise en place du système d’exploitation et de gestion dynamique du trafic (SEXTAN), l’amélioration des conditions de circulation du périphérique nord dans sa partie la plus empruntée, entre la porte de Rennes et la porte d’Orvault, l’aménagement de la porte de Gesvres, dont la voie unique par sens de circulation entraîne une rupture de continuité sur le périphérique, mais aussi le traitement des inondations du périphérique Est », comme nous l’explique Nantes Métropole.
Le Pont des Soupirs
Pont de Cheviré : 110 000 bonnes raisons quotidiennes de s’interroger
Pour éviter que de nouvelles rafales de révolte ne soufflent sur le Pont de Cheviré, il est envisagé la construction d’un nouveau franchissement de la Loire. Là encore, les pistes sont nombreuses. Une réunion entre tous les partenaires était prévue en mai, mais la « décision relative aux orientations retenues pour le futur projet sera prise à l’automne », nous précise Nantes Métropole. Tunnel, pont suspendu, téléphérique, différents systèmes sont évoqués mais, avant de prendre l’air, il faudra attendre un minimum de 7 à 8 ans !
Le piéton et le cycliste comme thérapie du coeur de la métropole
Nantes Métropole nous explique que « les études menées ne mettent pas à l’écart les problèmes des piétons, deux roues et transports collectifs car pour chaque étude est examiné l’ensemble des modes de transport. Même si la voiture doit avoir sa juste place, le centre ville doit être attractif pour que chacun s’y sente bien, dans le respect de la qualité de l’espace public. Les simulations réalisées tiennent compte des évolutions de la ville et des projets d’urbanisme, comme le déplacement du CHU ou la transformation de l’île de Nantes… »
Une panne sur le pont de Cheviré génère 8 km de bouchons
En résumé, s’il existe une certitude, c’est la complexité d’un sujet qui mettra près d’une dizaine d’années à trouver son épilogue. Les habitants de l’agglomération nantaise viennent de comprendre, eux, que seules pourront circuler librement lassitude, exaspération et impatience. 35 heures de perdues par an dans la circulation, multipliées par 8 à 10 années… si ces 35 heures ont un effet positif, c’est celui de vous offrir du temps pour apprécier le paysage et tenter de respirer !
